Comme promis, j’aborderai ici un autre aspect de la restauration des Corsaro 125, à mon sens le dernier stade d’une renaissance, celui qui concerne le volet cosmétique.
Si la mécanique, qui conditionne la fonction première d’un véhicule, est primordiale, une fois celle-ci rénovée, on peut envisager le plaisir des yeux !
Mais ne nous y trompons pas : si cette dernière étape requiert beaucoup moins de compétences en mécanique que celle d’une réfection de moteur, pour un résultat optimal, elle nécessite énormément de temps et de minutie …
J’ai fait l'acquisition de ce Moto Morini Corsaro 125 Super Sport le 21 mai 2000 sur la bourse à Montlhéry lors des démonstrations sur piste du weekend organisé par Moto légende.
C’était une tout autre époque dans ces années-là car il n'y avait aucune Japonaise autorisée sur ces rassemblements, ces motos étant trop récentes.
On rêvait réellement lors des démonstrations sur l'anneau, circuit mythique où les plus grands pilotes mondiaux s’exprimaient.
C'est auprès d’un vendeur belge, de son prénom Armand, personne très sympathique, que j’ai trouvé la moto. C’est lui qui me l'a livrée à domicile le dimanche soir, dans mon département de l'Est de la France.
Il faut dire qu'on la voyait de loin, cette Moto Morini, car sa carrosserie (réservoir et panneaux latéraux caches batterie) avait été repeinte en jaune. J’ai vite compris que sa couleur n'avait rien de l'origine.
Le cadre était noir et n'avait manifestement pas été repeint.
Elle était quand même magnifique, normal car ces petites italiennes avaient vraiment de l'allure et cerise sur le gâteau une très bonne tenue de route.
Très rapidement, j'ai commencé à la bricoler avant de me rendre compte que si je voulais la rendre encore plus belle et fiable, je devais donc la refaire complètement.
J’ai donc entrepris le chantier sur les conseils de Francis Biant, dont j'avais fait la connaissance par l'intermédiaire de la revue LVM, dans les petites annonces. Il m'avait suggéré de la repeindre complètement en rouge. Je l'ai donc écouté et suivi scrupuleusement ses recommandations au niveau du RAL (référence de la couleur) dont je n'ai plus le code peinture, qui était un rouge sombre.
Il m'a fallu quelques années avant de découvrir enfin sur internet que cette couleur n'était pas celle de la moto à sa sortie d’usine.
La mort dans l'âme, j’ai alors décidé de la laisser comme elle était. Aux connaisseurs : si vous la regardez, à l’entrée du site où sont mes trois Corsaro, voire mieux encore dans le 1er article du blog, vous vous rendrez compte que les adhésifs qui y étaient apposés n'étaient pas non plus ceux du 125 Corsaro Super Sport, tel qu’à sa sortie d’usine.
Plus de vingt ans après, en février 2023, création du site que vous connaissez maintenant. https://www.motomorini-moteurcorsaro125.fr
Comme vous le savez, ce site est axé principalement sur le manuel de réparation du moteur Corsaro 125, un projet intime et passionné.
À partir de là, et suivant une logique de restauration fidèle et conforme à l’origine, je ne pouvais pas laisser mon Corsaro 125 Super Sport dans ces couleurs.
Il faut savoir que les Corsaro Super Sport réservés au marché italien étaient rouges du cadre à la carrosserie, avec des bandes blanches sur le réservoir et les panneaux latéraux.
Par contre, chez ceux qui comme le mien étaient exportés en Belgique, le cadre et ses accessoires étaient de couleur noire, tandis que le réservoir de carburant et les deux flancs latéraux étaient peints en rouge, avec les deux bandes blanches du modèle italien.
En janvier 2024, je décide de remettre mon Corsaro en ordre au niveau des peintures. Je précise que sa partie-cycle ainsi que sa mécanique ont été intégralement révisées deux ans plus tôt, dont la réfection complète du moteur.
L’article ne traitera donc ici « que » de peinture…
Si un jour vous décidez de refaire les peintures de votre Corsaro vous devrez impérativement le remettre complètement en ordre avant tout démontage. Il est très important d’apporter beaucoup de soins dans vos réparations, afin d’éviter tout problème lors du démontage et du remontage de la moto.
Remonter une moto après peinture complète demande beaucoup d’attention afin de ne rien abimer.
Mettez toutes les chances de votre côté, d'autant que vous aurez à réaliser des opérations délicates, comme celle de la réfection de la fourche avec ses tubes plongeurs et ses fourreaux, et le remplacement des deux jeux de billes de roulement de la colonne de direction, sur un cadre repeint.
Vous profiterez d'ailleurs du démontage complet de votre machine pour reprendre le polissage des parties en aluminium, des chromes et garde-boue en inox.
Je ne vais pas énumérer ici l'ordre des démontage et remontage car avec de la méthode vous devriez y arriver facilement. Cependant, commencez par retirer la selle et le réservoir de carburant ainsi que les panneaux latéraux. La priorité d’après est la dépose complète du faisceau électrique, ainsi que celle des câbles (frein, embrayage, accélérateur, tachymètre et compte-tours). N'hésitez pas à faire des photos pour mémoriser/améliorer le passage du faisceau électrique et de ses branchements ainsi que celui des câbles. Les nombreuses petites pièces, comme la visserie, seront idéalement répertoriées et rangées.
Vous gagnerez ainsi beaucoup de temps et vous éviterez bien des déboires au remontage.
Lors de la dépose de ce faisceau, vous n'avez pas à débrancher les fils électriques dans le phare ni même l'ouvrir, ce qui facilitera d’autant le repérage.
Profitez aussi du démontage pour remplacer la boulonnerie abîmée ou oxydée par de la visserie en inox pour le coup d'œil.
Concernant les travaux de peintures, il faut savoir deux choses.
- Pour la partie cadre et ses accessoires j'ai opté pour une peinture thermolaquée Epoxy,
une méthode de revêtement de surface réservée aux métaux.
Elle consiste, après un sablage complet de toutes les pièces, à pulvériser de la peinture en poudre chargée en électricité statique. Cette poudre va se fixer sur le métal comme un aimant.
Il y a une préparation à faire comme protéger les filetages, retirer les deux bagues chromées recevant la fourche de direction et un dégraissage complet.
Cette peinture est très résistante aux chocs et d'un aspect semblable à une peinture appliquée au pistolet. Il va de soi que c'est une entreprise spécialisée que traitera vos éléments à peindre. Le résultat est époustouflant !
Pour cette peinture noire j'ai choisi l'aspect brillant (photo des éléments traités joint à l'article).
- Pour la partie tôlerie, comme le réservoir de carburant, les panneaux latéraux, le carter
protection de chaîne et le support de plaque minéralogique, j'ai opté pour une peinture solvantée et c'est vers un professionnel spécialisé en décoration de casques de motos que je me suis orienté. Il faut être spécialiste dans le camouflage pour exécuter ces peintures, puisque la décoration comprend des liserés peint également pour séparer les couleurs.
N'ayant pas les références spécifiques du rouge des Corsaro 125 Super Sport chez Lechler (marque historique de peinture de motos italiennes), j'ai opté pour une plus classique Valspar, Ral 3020 rouge avec un durcisseur rapide.
1ère étape : La mise en œuvre pour ces peintures a été la suivante : après un ponçage minutieux des parties à peindre, une première couche sur toutes les surfaces a été appliquée en noir, suivie d’un léger ponçage superficiel.
Étape suivante : La pose des bandes de masquage pour les liserés en noir est une étape particulièrement délicate, car c'est pour séparer les couleurs que l'on trace le positionnement des bandes. À noter que les liserés sont d’une largeur de 2 mm.
Par chance, Christian Ganne, un moriniste passionné, m'a prêté un panneau latéral avec ses peintures d’origine, ce qui m'a permis un traçage parfait.
Il est à noter que dans le cas spécifique du Corsaro Super Sport, la réalisation des bandes blanches du réservoir d’essence requiert une minutie particulière : en effet, outre le respect scrupuleux de leur largeur, l’arrondi du réservoir nécessite une attention spécifique pour leur traçage. Le parallélisme de ces bandes blanches avec le bas du réservoir doit être parfaitement réalisé (prendre des mesures partout !), sous peine de constater, une fois la peinture terminée, une irrégularité flagrante.
Une couche de peinture blanche sur l'ensemble des éléments a été appliquée une fois que toutes les bandes de masquage des liserés ont été posées.
Étape suivante : la pose des bandes de masquage pour la réalisation des bandes blanches, dont la largeur d’origine est entre 16 et 17 mm. Belle bagarre pour le positionnement de ces bandes pour coller à la réalité de l'époque. C’est grâce aux photos de réservoirs trouvées sur le net que l'on peut y arriver, à moins de disposer d’autres pièces restées d’origine en guise de modèles, comme ce fut le cas pour le panneau latéral gentiment prêté par Christian Ganne.
Étape suivante : La peinture rouge du réservoir se fait en deux couches successives, avec son durcisseur bien entendu. Cela commence à faire plaisir de voir l'évolution des travaux mais ce n'est pas la fin. Après séchage complet des pièces peintes, le peintre a retiré les bandes de masquage destinées aux bandes blanches et celles des liserés noirs, On voit enfin le résultat, c'est parfait !
Étape suivante : la pose des adhésifs (refabrication italienne), il faut aussi beaucoup de dextérité pour leur application, en respectant toujours le positionnement d’origine.
Dernière étape : application d'un vernis en deux couches avec son durcisseur spécifique pour le réservoir, les panneaux latéraux, le carter de chaine et le support de plaque AR (peinture noire).
Le résultat répond complètement à mes attentes car si j'ai refait ce Corsaro Super Sport avec le travail que cela représente, il fallait coller à l'origine.
Pour le remontage (le dessert !), rien de difficile car j'avais pris soin de préparer toutes les pièces avant et après démontage, ce qui a grandement facilité le travail.
Au vu de la photo de la moto terminée, vous conviendrez que l’on peut être satisfait du résultat et heureux de voir que ce Corsaro Super Sport, vieux de 50 ans, a retrouvé toute sa jeunesse !
Au fait, qui pourrait deviner son âge ?
À vous de jouer !
Joel
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Commentaires
Bravo Joël ! Résultat parfait et dans le respect de l'origine !
L'intérieur de ton réservoir a été préservé des affres du temps, pas d'oxydation, fait rare.
Pour un réservoir dont l'intérieur est oxydé, ce qui est souvent le cas pour des motos de cet âge, un traitement interne à la résine (Restom, par exemple) est nécessaire, avant le passage en carrosserie.
Et ensuite, on est tranquille !